Épisode 1 : Jeunesse de l'artiste

(Temps de lecture estimé : 3 à 5 mn)

Fou, violent, colérique, assassin,… de nombreux adjectifs sont récurrents pour qualifier la personnalité de Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Caravage. Longtemps stigmatisées par ces traits, les œuvres de ce dernier suscitent encore aujourd’hui l’admiration ou l’incompréhension : que l’on soit surpris, choqué ou sceptique, personne ne reste insensible.

Cet article vous aidera à mieux comprendre et apprécier un artiste qui a marqué son temps.

I- Jeunesse de l’artiste

Un apprenti pressé et orgueilleux

Caravage est né le 29 septembre 1571 à Milan. Son père travaillait pour le marquis de la ville de Caravaggio en tant qu’architecte. En 1576, la mort de celui-ci, emporté par la peste, contraint la mère du peintre à l’envoyer dans un atelier comme apprenti pour gagner sa vie. Éloigné du nid familial et se sentant abandonné, Michelangelo cherche tant bien que mal à s’intégrer à l’univers de l’art et à celui de l’atelier. Bien qu’étant soumis à un maître et affecté à des tâches répétitives (mélange des couleurs, préparation des toiles, copies…), son fort caractère et son assurance le poussent à peindre quelques tableaux pour s’exercer.

En 1592, Caravage se rend à Rome : il découvre une ville dynamique où les riches côtoient les pauvres dans la rue, où la Contre-Réforme dicte sa loi et où les ateliers d’art abondent. Il entre au service de plusieurs maîtres d’atelier mais, jugeant les tâches qui lui sont confiées indignes de son talent, il ne reste généralement que quelques mois dans un même lieu.

Dès son arrivée à Rome en 1592, Caravage rencontre Mario Minniti, un jeune peintre sicilien qui va grandement l’influencer. Mario l’aidera notamment à trouver son style en posant pour lui et sera pour Caravage un ami jusqu’à sa mort. Certains affirmeront même qu’ils étaient amants.

Réalisme et instantané

C’est au cours de son apprentissage à Rome, entre 1592 et 1596, que Caravage peint les premières toiles qui nous sont parvenues. Grâce à ces tableaux, l’artiste laisse déjà entendre que non seulement il a beaucoup de talent, mais qu’il cherche à dépasser les peintres précédents en amorçant une nouvelle vision de l’art.

En observant ces toiles, on constate que le peintre cherche à capturer l’instant présent, comme peut le faire un photographe. Dans le Garçon mordu par un lézard, par exemple, Caravage représente un garçon qui vient de se faire mordre. La surprise et le mouvement de recul de l’enfant y sont reproduits avec un réalisme d’autant plus impressionnant que Caravage est encore un apprenti. Tout le corps réagit à l’agression du lézard, du bout du doigt retiré rapidement à la mèche de cheveu qui semble suivre le mouvement du garçon. On a même l’impression que le bras du jeune homme va sortir de la toile.

Si la peinture n’est pas un art de l’instantané, Caravage semble malgré tout capable de représenter des personnages en pleine action. C’est un aspect que l’on retrouvera dans toutes ses toiles et qu’il poussera à l’extrême. La figue trop mûre qui éclate, le vin qui ondule dans sa coupe, dans le Bacchus triomphant, sont d’autres exemples frappants de la technique de l’artiste et ce dès le début de sa carrière.

Bacchus triomphant - Caravage vers 1596 et Garçon mordu par un lézard - Caravage, 1593

Un soutien de poids

Grâce aux magnifiques copies qu’il réalise, Caravage est engagé en juin 1593 en tant qu’apprenti dans l’atelier de Giuseppe Cesari dit le Cavalier d’Arpin, le peintre attitré du pape. Le statut prestigieux du maître favorise l’intérêt porté à Caravage par de puissants mécènes, comme le cardinal del Monte. Ce dernier collectionne notamment les scènes de genre, type de peinture très à la mode à cette époque, qui consiste à représenter des scènes quotidiennes prises sur le vif, comme le faisait Pieter Bruegel l’Ancien. Caravage peindra plusieurs tableaux de ce genre, notamment la Diseuse de bonne aventure et Les Tricheurs.

Diseuse de bonne aventure - Caravage, 1596
Les Tricheurs - Caravage, 1594

Grâce au soutien du cardinal et aux nombreux contacts qu’il se fait peu à peu, Caravage parvient à se forger une réputation, tout en continuant à peindre des toiles empreintes de réalisme au point d’altérer certaines représentations traditionnelles. On parle de révolution chez Caravage car il parvient à associer le réalisme, non seulement dans des scènes de genre, mais aussi et surtout dans des scènes religieuses.

Après la Contre-Réforme, l'Église catholique va chercher à réaffirmer son pouvoir en utilisant notamment l’art et commande à des peintres des tableaux sacrés empreints de piété et de dévotion. Ce sera une aubaine pour Caravage qui va voir son nombre de commandes exploser.


Épisode 2 : Les premières commandes importantes

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L'auteur

Aurélie, 26 ans, chargée d'études en tourisme, Paris.

Passionnée par les voyages et les arts, elle rédige des articles autour du thème de l'art en Europe.

©UneToucheD'Histoire - Textes d'Aurélie Margerin; Éditorial Cédric Soubrié. Contactez-nous pour réutiliser les images ou le texte : e-mail.

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