Histoire des jeux vidéo - Atari et Nintendo (1972-1989)

Texte de Adrien Martel (retrouvez le sur Twitter : @tweetklash)
Temps de lecture estimé 5 mn

Ceux qui pensent connaître l’Histoire du jeu vidéo vous offriront souvent les mêmes clichés : tout commence avec Pong, les jeux d’arcade, puis l’Atari 7800 supplantée par la Nes grâce à Super Mario Bros. On oublie qu’avant de devenir cette gigantesque industrie plus rentable encore que celle du cinéma, le jeu a été une terre inconnue, un pari risqué, un nouvel El Dorado sur les terres duquel tous les coups étaient permis. De la fin des années 70 au milieu des années 80, l’home entertainment n’était même pas une idée acquise : loin d’être diabolisée elle était plutôt raillée, comparée à un phénomène de mode futile et éphémère.

Cette série a pour objectif de vous faire entrevoir l'envers du décor de ce monde qui nous est aujourd'hui familier, en parcourant une époque durant laquelle rien n'était établi, et surtout dans un contexte où le jeu vidéo aurait pu simplement mourir dans l'oeuf et disparaître à jamais.

Notre premier sujet est peut être l'exemple le plus criant de ce qu'il était envisageable de faire à l'époque, pour régner sur les terres vierges du vidéo-ludique. De l’apogée à la chute de l’empire Atari en passant par l’avènement du leader Nintendo, vous allez aujourd’hui découvrir un univers que vous imaginiez sûrement plus glamour.

I- Atari, le pionnier du jeu vidéo

Si on parle de l’avènement du home entertainment, on ne peut ignorer l'acteur essentiel -et le pionnier- qu'a été Atari. Aujourd'hui dans le giron Français, l'entreprise est connue pour avoir eu une croissance parmi les plus rapides de l’Histoire des États-Unis.

Créée en 1972 par Nolan Bushnell, l’entreprise surfera d’abord sur la vague des bornes d’arcade avec une petite équipe de programmeurs, avant de sentir le vent tourner, et d'offrir avant tout le monde les joies du jeu vidéo à la maison. Ce coup de génie doublé d’un sens aigu des affaires permettra à la société d’engranger en un temps record des millions de dollars de bénéfices nets.

La 2600 d’Atari, console révolutionnaire aux cartouches interchangeables.

Un nouveau chef, une nouvelle politique

À la suite de son rachat par Warner Bros, opération destinée à renforcer le poids de la compagnie, Atari se voit nommer un nouveau chef, Ray Kasar chargé de mettre la branche jeux vidéo « en condition pour générer suffisamment de profits ».

À l’inverse de Bushnell, souvent assimilé au management « hippie », Kasar est un homme d’affaires pur sang. Il va changer de manière drastique les règles au sein d’Atari. Finies les cigarettes au bureau, les programmeurs venant travailler en short aux heures qui leur conviennent. La société se rationnalise, et Kasar est convaincu que cette industrie du jeu fonctionne comme n’importe quelle autre.

Erreur de taille. Chez Atari en 1980, un programmeur touche à peine plus qu’un ouvrier, et son nom n’apparaît même pas aux crédits du jeu qu’il a créé. À cette frustration s’ajoutent des conditions de travail délétères, les employés de la firme étant tenus de produire les logiciels dans des délais surréalistes.

Activision, ou le début d'une nouvelle ère

La fronde s’intensifie faute de dialogue social, et les meilleurs programmeurs quittent tour à tour l'entreprise. Ce que Kasar n’avait pas prévu, c’est que les ingénieurs maison ne vont pas démissionner pour aller travailler à l’usine, mais pour créer une société concurrente, Activision, qui verra le jour en 1979.

Premier concurrent d’Atari sur ses propres terres, ce nouveau challenger va éditer parmi les meilleurs jeux que les consoles de l'époque aient jamais portés : Kaboom, RiverRaid, le mythique Pitfall feront partie de leurs forfaits les plus retentissants. L’effet est immédiat : Activision supplante son adversaire en tant qu’entreprise ayant la croissance la plus rapide en 1982.

Pitfall : un jeu mythique.

Chez le doyen, c'est l'affolement. En décalage total avec ses employés mais surtout avec les consommateurs, Kasar tente un coup de poker : ressusciter Pac-Man . La petite boule jaune avait en son temps fait la gloire des bornes d'arcade,et restait très présente dans les esprits deux ans après son succès planétaire. Comme à son habitude la direction va miser sur le marketing et dénigrer le côté conception : la version finale du jeu est laide, injouable car extrêmement buggée, et peine la comparaison avec son grand frère. C’est un fiasco.

Pac Man dans sa forme originale

La fin d’un mythe

Second problème, et de taille : l’effet de mode. Devant le succès d’Activision, de nombreux bricoleurs en herbe en arrivent à se dire “pourquoi pas moi?” Résultat, les consoles Atari deviennent les poubelles du vidéo-ludique, se voyant associer des dizaines et des dizaines de jeux à la qualité plus qu’inégale, souvent bâclés. Le consommateur se lasse. Il ne croit plus en Kasar ni aux projets qu’il met en oeuvre.

L’erreur qui sera fatale à Atari sera celle de tenter d’adapter le film E.T. en jeu vidéo, avec la méthode habituelle : “Il vous faut six mois pour faire ce jeu? Je vous donne six semaines! Il nous le faut avant Noël!” E.T. est considéré par certains spécialistes comme le plus mauvais jeu de toute l’histoire de l’humanité. Deux millions et demi de cartouches invendues seront incinérées quelque part au Nouveau Mexique en 1983.

L’adaptation vidéoludique du film de Spielberg E.T.

Devant cet effondrement soudain de leur marché (et leur 530 millions de dollars de pertes en 1983), la maison mère (Warner) réagit. Ils pensent que l’ère du jeu vidéo est révolue, que ce business est un puits sans fond, et décide purement et simplement d’abandonner la production de consoles de jeu en 1987. Fin de l’histoire? Certainement pas.




II- Nintendo, plus qu’un concurrent, un héritier

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L'auteur

Adrien, correspondant de presse et rédacteur

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©UneToucheD'Histoire - Textes et images Adrien Martel. Contactez-nous pour réutiliser le texte : e-mail.

Sources :

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