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Dans notre premier épisode, l'Empire Inca s'est développé à une vitesse extraordinaire. Peut être trop vite car les rancœurs des peuples vaincus perdurent.
Mais ce n'est pas là le principal problème pour les Incas. L’empereur Huayna Capac et son fils aîné sont morts d'une maladie mystérieuse qui va bientôt diviser l'Empire. Audacieux et prêts à tout, les conquistadors ne vont pas laisser passer cette chance.
L'une des plus folles trahisons de l'Histoire est sur le point d'arriver.
Les Incas ont toutes les raisons de s’inquiéter. Issue d’une première expédition espagnole ratée, c’est en effet une maladie européenne qui a terrassé l’empereur Huayna Capac et son fils aîné.
À la suite de la mort de l’empereur, deux de ses fils vont s’affronter pour le pouvoir. Le premier, Huascar, est issu de la noblesse historique de Cuzco. De son côté, son demi-frère Atahualpa, est soutenu par la noblesse de Quito, la seconde capitale Inca issue des conquêtes dans le nord.
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La dissension Cuzco/Quito entre les « anciens » et la noblesse « fabriquée », latente depuis les conquêtes éclair Incas, éclate alors en véritable guerre civile. Atahualpa en sort vainqueur au bout de trois ans. Le prix à payer pour l’empire est énorme. Affaiblis et divisés, les Incas ne pourront se défendre comme ils l’auraient fait quelques années plus tôt.
L’expédition de 1526 n’aura donc pas été un échec complet pour les Espagnols. Sans le savoir et sans même avoir rencontré l’empereur, ils ont déjà porté un coup décisif à la stabilité de l’empire.
En 1532, les Espagnols sont de retour sur le continent. Menés par Francis Pizarro, ils veulent réitérer l’exploit de Cortes qui a conquis le Mexique quelques années plus tôt avec seulement 600 hommes, 11 chevaux et 10 canons. L’enjeu serait même encore plus important ici. Les légendes parlent d’Eldorado : un royaume aux richesses extravagantes.
L’expédition débarque à Tumbes, ville côtière du nord ravagée par la guerre civile. Pizarro se dirige vers Cajamarca accompagné par 200 fantassins, 63 cavaliers et 4 canons.
Ils comprennent rapidement qu’ils ont affaire à un empire structuré. Des ponts de cordes, surveillés et dotés de péages, traversent les rivières et les torrents. Ces infrastructures, que l’on appelle chemin de l'Inca, sont une véritable aubaine pour les conquistadors qui vont progresser rapidement malgré les hautes montagnes qu’ils traversent.
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Les conquistadors ont également la chance de tomber sur une population assez accueillante. En effet, suite aux trois années de guerre civile, les habitants des régions dévastées sont particulièrement remontés contre leur empereur.
Arrivé à Cajamarca, Pizarro sait que sa petite troupe ne pourra pas grand chose face à cette civilisation puissante et organisée. La crainte des chevaux et des armes à feu commençant à s’atténuer, la ruse sera la meilleure arme pour les conquistadors.
Atahualpa, à la tête d’une grande armée, est déjà à Cajamarca pour y rencontrer les étrangers. Cette rencontre va être décisive pour l’avenir du continent tout entier.
Malgré les avertissements des messagers portant sur les chevaux et les armes à feu des hommes blancs, le nouvel Inca, galvanisé par sa victoire sur son frère Huascar, n’y voit pas de danger. Après un échange par le biais de leurs ambassadeurs, l’empereur accepte de rencontrer Pizarro sur la place de Cajamarca.
Pizarro et Atahualpa ont chacun leur plan. L’Espagnol prépare la rencontre en ordonnant à ses hommes de se cacher autour de la place, se tenant prêts à intervenir. De son côté, l’empereur fait poster une importante armée sur les montagnes environnantes, pour couper la retraite espagnole.
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Le soir du rendez-vous, Atahualpa arrive à la tête d’un cortège extraordinaire, composé de 30 000 hommes et femmes de sa cour et d’une partie de son armée. Pizarro envoie un prêtre dominicain à sa rencontre. Le prêtre présente à l’empereur une croix et une bible. Ce dernier, qui n’a aucune idée de ce qu’est un livre, se saisit de la bible et la porte à son oreille. Ne comprenant pas, Atahualpa jette ensuite le livre à terre avec violence. Ce geste sacrilège déclenche la fureur de Pizarro qui saisit l’empereur par le bras et le fait tomber de sa litière. Le souverain ne pouvant être touché, le geste de Pizarro crée la stupeur et le chaos chez les Incas.
Pizarro lance alors le signal attendu.
Les Espagnols sortent de leurs cachettes et commencent à tirer au canon et à l’arquebuse sur les Incas, pour la plupart désarmés. Les meutes de chiens dressés au combat et les chevaux, auxquels on a attaché des grelots aux pattes, ajoutent à la confusion ; ils piétinent les Incas paniqués qui ne peuvent s’enfuir de la place dont les issues sont trop petites.
En quelques minutes, le majestueux n'est plus. La place est jonchée de cadavres et d'Incas apeurés. Pour Atahualpa, c'est le déshonneur, ses mains sont liées et ses vêtements, si importants dans la culture Inca, sont déchirés. Depuis les hauteurs, l'armée indienne assiste impuissante à la capture de son empereur. Plutot que de donner l’assaut et de risquer la vie du souverain, elle se replie sur Quito.
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Ce 16 novembre marque la fin de l’indépendance du plus grand empire précolombien d’Amérique du Sud.
L'empereur est prisonnier et une grande partie de l’élite impériale et de la noblesse a été massacrée, 20 000 personnes selon les chroniqueurs de l’époque.
Face à un empire dont l’unité repose en grande partie sur le prestige et la divinité du souverain, c’est une énorme victoire. Mais que faire de l’empereur et de cet immense empire avec si peu d’hommes ?
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L'auteur
Loïc Kerferch, 38 ans, cadre au sein d'une entreprise du secteur de l'électronique grand public.
Après avoir suivi des cours d'Histoire à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à l'école du Louvre, Loïc continue à vivre sa passion pour l'histoire à travers ses lectures et ses voyages.
Textes de Loïc Kerferch ; Cartes de Delphine Gagnon ; Éditorial Cédric Soubrié. Corrections : Nathalie Combaz et Florent Blenck. La photo de couverture a été prise par Martin St-Amant (Wikipedia - CC-BY-SA-3.0). Contactez-nous pour réutiliser les cartes ou le texte.
Sources :
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