La Révolution française - des idées et du sang (1789-1799)

(Temps de lecture estimé : 5 min)

Le passage d’un État autoritaire à une démocratie stable est un processus lent, comme le montre parfaitement l’Histoire de France. De 1789 à la Première Guerre mondiale, le pays a successivement connu républiques et autoritarisme, vivant ainsi une longue maturation qui sera le thème central de cette nouvelle série d'articles.

Notre premier sujet sera la Révolution, période emblématique de cette recherche du gouvernement idéal.

En 1789, le pays est sur le point d’entrer dans l’une des périodes les plus tumultueuses de son histoire : des idées vont émerger et du sang va couler...

I- Une marche vers l’égalité et la liberté (1789-1790)

Malgré la révolution américaine de 1776 et la mise en place d’une monarchie parlementaire en Angleterre un siècle plus tôt, en 1789 la France est toujours une monarchie absolue où le roi détient tous les pouvoirs.

Tout n’est pourtant pas rose pour la royauté : les idées des Lumières, exprimées par quelques philosophes audacieux, sont en train de se propager rapidement grâce à l'essor de l’imprimerie ; le peuple doit faire face à une hausse du prix du blé après les mauvaises récoltes de 1788, et les nobles eux-mêmes, écartés par Louis XIV, rêvent de revenir aux affaires.

Le contexte est d’autant plus brûlant qu’aux ambitions individuelles des nobles et au mécontentement du peuple, s’ajoutent les exigences des bourgeois, devenus les vrais dirigeants économiques.

Face à cette montée de mécontentement, le roi se doit d’agir. Il lui faut montrer qu’il entend les revendications du peuple, tout en s’assurant de l’appui des nobles. Malheureusement pour lui, le monarque absolu n’est pas préparé à cette politique du grand écart.

En août 1788, il décide donc de convoquer les États généraux, assemblée exceptionnelle qui n’avait pas été réunie depuis 1614.

En attendant l’assemblée prévue en mai 1789, dans toute la France le peuple a la parole et rédige des cahiers de doléances. Lorsque ces 45 000 cahiers arrivent à Versailles, le message est clair : oui au roi mais non à l’absolutisme ! La France est prête pour une monarchie constitutionnelle.

a) La chute de l’Ancien Régime ou comment mettre fin à une monarchie millénaire

Les États généraux commencent difficilement. Dès son discours d’ouverture, le roi déçoit en refusant une revendication capitale pour les députés du tiers état. Ceux-ci réclament, en tant que représentants du peuple et donc de la majorité des Français, d’avoir la moitié des voix à l'assemblée et non plus un tiers comme c'était le cas à l'époque.

Les députés du tiers état ne lâcheront pas et, après un mois d’attente et de discussions, ils se proclament “Assemblée nationale”. Le 20 juin, interdits d'entrer dans la salle où leurs débats avaient normalement lieu, ils se retrouvent dans la salle du Jeu de Paume et jurent de ne plus se séparer avant qu’une constitution soit établie.

Deux semaines plus tard, le roi cède et invite les députés de la noblesse et du clergé à rejoindre ceux du tiers état. L’Assemblée se proclame constituante le 9 juillet : elle est chargée de rédiger une constitution pour le pays, mettant ainsi fin aux traditions féodales. Par cet acte, la monarchie absolue cesse d’exister et ce sont les notables qui l’ont abattue.

Le peuple, touché par l’augmentation du prix du blé et un chômage élevé, a peur de la répression et cherche des armes pour se défendre contre les troupes du roi. Le 14 juillet 1789, il prend d’assaut la prison de la Bastille, entrepôt important de poudres à canon et symbole du pouvoir arbitraire du roi. Dans le royaume, de nombreuses villes vont suivre l’exemple parisien.

Devant l'insurrection, Louis XVI capitule à nouveau et accepte de porter la cocarde tricolore, symbole de l’unité nationale qui mêle au blanc royal, le bleu et le rouge de Paris. Le prestige du roi faiblit et sa capacité à assurer la paix et la sécurité est remise en cause dans les provinces.

b) Le peuple diffuse la Révolution

De juillet à août 1789, les campagnes sont agitées par des rumeurs. C’est la Grande Peur : les paysans craignent que leurs récoltes ne soient pillées par des brigands à la solde des nobles. Ils se retournent alors contre leurs seigneurs, s’emparent et détruisent les titres seigneuriaux qui établissaient la domination économique et sociale. De nombreux châteaux seront ainsi pillés ou brûlés.

À l’issue de ces évènements, l’Assemblée décide d’abolir les droits féodaux (dîmes, privilèges). Le roi désapprouve et refuse cette mesure. Une foule parisienne, dominée par les femmes, va alors chercher le roi à Versailles et le ramène à Paris.

En quelques semaines seulement, l’Ancien Régime s’est effondré. La figure de la France est en train de changer.



Épisode 2 : premier essai de monarchie constitutionelle

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Textes de Benoît Thomassin et Laurent Dumas ; Cartes de Eric Mariage ; Éditorial Cédric Soubrié et Nathalie Combaz. Contactez-nous pour réutiliser les cartes ou le texte.

Sources :

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