Épisode 3 : une démocratie bafouée (1791-1795)

(Temps de lecture estimé : 5 min)


Dans l'épisode précédent, la révolution a laissé la place à une monarchie constitutionelle en 1791. C'est un essai très éphémère puisque finalement la première République Française est proclamée dès 1792.

Ce n'est pourtant pas la fin de notre Histoire. Comme vous allez le voir, de nombreuses questions restent en suspens sur la meilleure façon de diriger le pays.

La France est toujours à la recherche de sa démocratie...

III- Une démocratie bafouée (1791-1795)

L’échec de la monarchie constitutionnelle

Malgré sa grande popularité, la Révolution rencontre une opposition croissante. Tout d’abord celle des nobles qui, dès 1789, commencent à émigrer hors de France. La question religieuse contribue également à briser l’union nationale : la constitution civile du clergé est condamnée par le pape en 1791.

Le clergé français se divise alors en deux : d’un côté les prêtres jureurs qui ont accepté de prêter serment à la Constitution, et de l’autre les prêtres réfractaires qui la refusent.

En outre, Louis XVI n’a jamais véritablement accepté les mesures prises par l’Assemblée constituante et use de son droit de véto pour freiner les réformes. Il prend contact avec les puissances monarchiques européennes pour abattre la Révolution.

Dans la nuit du 20 juin 1791 la famille royale s’enfuit. Le roi espérait revenir avec les armées étrangères pour rétablir son autorité, mais il est reconnu à Varennes et ramené à Paris. Dans cette fugue, il perd tout son prestige et toute sa crédibilité.

Les Girondins décident le 20 avril 1792 de déclarer la guerre à l’Autriche. Les armées françaises sont rapidement débordées, la France est envahie et Paris menacée. L'Assemblée décrète alors la levée en masse pour protéger la patrie, et les volontaires affluent pour s’engager dans l’armée.

Le 25 juillet, le général des armées austro-prussiennes menace Paris de représailles si la famille royale est violentée. Cette déclaration sera la trahison de trop pour Louis XVI. Le 10 août, les fédérés prennent d’assaut les Tuileries.

L’Assemblée nationale vote alors la suspension de la royauté et convoque une Convention chargée de rédiger une constitution républicaine, dans laquelle le roi n’a plus aucun rôle et qui applique strictement la séparation des pouvoirs. Ce sera la première République française.

Naissance éphémère de la première République

La Convention, élue au suffrage universel indirect masculin, succède à l’Assemblée législative et proclame la première République le 21 septembre 1792.

Cette Assemblée se partage en trois groupes : les Girondins, faction modérée, attachée au maintien des libertés individuelles ; les Montagnards, plus radicaux, partisans d’un système démocratique dont le roi serait exclu ; le Marais, groupe indécis qui changera de camp au cours de la Révolution.

Le conflit entre le camp des modérés et les partisans de mesures extrêmes va être décisif pour la suite des évènements.

Dès les débuts de la République, le procès du roi divise l’Assemblée. Après de longs débats, les Montagnards l’emportent et Louis XVI est déclaré coupable de trahison. Il est exécuté le 21 janvier 1793. La République idéale se teinte alors du sang de celui qui, il n’y a pas si longtemps, était vu par Voltaire comme un monarque éclairé.

La Convention est à ce moment-là dominée par les Girondins, qui obtiennent quelques succès militaires importants leur ouvrant la Belgique et la rive gauche du Rhin. Une levée en masse de 300 000 hommes est décrétée pour soutenir l’effort de guerre. Mais l’exécution du roi augmente le nombre de belligérants, notamment l’Angleterre qui entre en guerre au côté de l’Autriche. Les frontières sont à nouveau menacées.

Le printemps 1793 est celui de tous les dangers. La Vendée et les départements de l’ouest se soulèvent pour protester contre la mise à mort du roi et la levée en masse. Un nouveau front, intérieur cette fois, s’ouvre dans la guerre.

La France assiégée 1792-1794

C’est dans ce contexte agité que va s’affirmer le pouvoir du Comité de Salut Public. Créé en avril 1793, composé de douze membres (puis de neuf) élus par la Convention, il devient le véritable maître d’œuvre de la politique révolutionnaire. D’abord dirigé par Danton, le Comité de Salut Public est pris en main le 27 juillet par Robespierre, aux visions beaucoup plus radicales.

La situation extrême de la France impose des solutions extrêmes, ce qui envenime encore le conflit entre Girondins et Montagnards. Ces derniers veulent écarter définitivement leurs adversaires politiques et organisent une vague d'insurrections.

Orchestrées notamment par Marat, ces insurrections sont poussées par la garde nationale et les sans-culottes, des militants parisiens particulièrement radicaux et opposés aux Girondins.

Le 2 juin 1793, l’Assemblée est encerclée et contrainte de voter l’arrestation des chefs de file girondins. Cette décision va aboutir à l’ouverture d’un nouveau front intérieur : la Révolte fédéraliste.

Ayant maintenant les mains libres, les Montagnards font adopter la Constitution de l’an I le 24 juin 1793. Celle-ci, assortie d’une nouvelle Déclaration des Droits de l’Homme, exprime les principes démocratiques les plus avancés : suffrage universel, droit au travail, à l’instruction et à l’assistance. Elle est malheureusement ajournée jusqu’au rétablissement de la paix.

Au contraire, devant les menaces intérieures et extérieures, les libertés individuelles sont suspendues. La levée en masse est proclamée en août 1793 et la loi des suspects est votée : toute personne peut être arrêtée sur simple soupçon d’opposition. La Terreur est mise à l’ordre du jour, 250 000 personnes seront victimes de la répression.

Le Régime n’est plus qu’un semblant de démocratie, les pouvoirs sont en réalité confisqués par le Comité de Salut Public, dirigé par Robespierre. C’est un régime de guerre qui doit fonctionner jusqu’au rétablissement de la paix. Son but est d’organiser et de purger la société pour qu’elle s’unisse contre les ennemis du pays : les nobles, les souverains étrangers et les opposants au Régime.

Convention et Comité de Salut Public

Au même moment, les dangers extérieurs sont écartés grâce au talent de jeunes officiers comme Napoléon Bonaparte, qui s’illustre lors du siège de Toulon. Fin 1793, le territoire est entièrement libéré, mais les Montagnards se divisent à leur tour. Esseulé, Robespierre fini par être lui-même victime d’un complot émanant de certains députés du Marais. Il sera arrêté le 27 juillet 1794 avec ses partisans et guillotiné le lendemain sans autre forme de procès.



Épisode 4 : un régime au pied du mur (1795-1799)

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Textes de Benoît Thomassin et Laurent Dumas ; Cartes de Eric Mariage ; Éditorial Cédric Soubrié et Nathalie Combaz. Contactez-nous pour réutiliser les cartes ou le texte.

Sources :

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