Épisode 3 : marche vers la guerre de Sécession

(Temps de lecture estimé : 5 mn)

Dans notre deuxième épisode, les différends entre Nord et Sud ont pris le dessus.

La loi Kansas-Nebraska écrite par Stephen A. Douglas et l'élection d'Abraham Lincoln, ouvertement abolitionniste ont envenimé la situation.

Comment le président fraîchement élu va-t-il gérer cette situation hautement explosive ?

III- La marche vers la guerre

Pour Abraham Lincoln, l’Union avant tout

Dès l’élection d’Abraham Lincoln, on assiste à un véritable déchaînement de la presse et des élus sudistes. La sécession, que certains sudistes n’envisageaient que timidement, devient alors un débat à part entière. De grandes manifestations sont organisées dans les principaux États du Sud. Des portraits à l’effigie de Lincoln sont brûlés, et plusieurs mots d’ordre caractéristiques de la volonté séparatiste des États du Sud apparaissent. Parmi les plus importants, on peut citer « Don’t tread on me »(« Ne me marchez pas dessus »), ou « Southern Rights, Equality of the states » (« Droits sudistes. Égalité des États »).

Pour Lincoln, la sécession est inenvisageable. Au point de déclarer en 1862 : « Mon objectif essentiel dans ce conflit est de sauver l'Union. Ce n'est pas de sauver ou de détruire l'esclavage. Si je pouvais sauver l'Union sans libérer aucun esclave je le ferais. Si je le pouvais en libérant tous les esclaves je le ferais. Et si je le pouvais en en libérant quelques uns sans toucher au sort des autres, je ferais cela également ». S’il est incontestable que la volonté d’abolir l’esclavage fut l’élément majeur de la présidence de Lincoln, elle ne le fut donc pas vraiment pour des raisons idéologiques.

À ses yeux, harmoniser la législation autour de l’abolition était la seule manière d’empêcher le démembrement de l’État à moyen terme, parce qu’elle seule était conciliable avec l’esprit de la Constitution de 1787.

La sécession des États sudistes

La question de la sécession des États du Sud pose encore une fois la problématique de la place des États dans le système politique américain. En effet, les États américains ayant récemment intégré les États-Unis, considéraient qu’il s’agissait d’un regroupement de provinces autonomes. Ils ne souhaitaient en aucun cas constituer une simple région, subordonnée au pouvoir central d’un grand pays.

Ils considéraient ainsi qu’ils pouvaient légitimement quitter les États-Unis si le gouvernement de Washington agissait contre leurs intérêts ou tentait de les forcer à prendre des orientations qu’ils ne souhaitaient pas. C’était le cas à leurs yeux de l’élection d’Abraham Lincoln, un homme dont le nom n’apparaissait même pas sur les bulletins de vote d’une dizaine d’États du Sud, tant le rejet des républicains était grand.

Le premier État à lancer ouvertement le débat autour de la sécession fut la Caroline du Sud. Celle-ci proclame son indépendance le 20 décembre 1860. Une fois le processus enclenché, les États du Sud font sécession un à un. Le Mississipi le 9 janvier, la Floride le 10, puis l’Alabama, la Géorgie, la Louisiane et le Texas. Au moment de l’investiture officielle d’Abraham Lincoln, sept États ont ainsi officiellement quitté l’Union, sans que le gouvernement de Washington n’ait eu le temps de réagir.

En 1861 l'élection d'Abraham Lincoln lance une vague de sécession

Immédiatement, les États en sécession se réunissent afin de donner une structure au nouvel État dans lequel ils souhaitent se réunir. La Confédération, régime cette fois officiellement fondé sur l’autonomie des États, et sur le maintien de l’ordre en place dans les États sudistes, est proclamée. Jefferson Finis Davis, ancien ministre de la guerre et gouverneur du Mississipi, est nommé président des États Confédérés d’Amérique. Un fervent ségrégationniste, convaincu de l’inégalité naturelle entre noirs et blancs, Alexander H. Stephens, devient vice-président.

Les confédérés adoptent enfin une capitale, Richmond, et une constitution. Très proche de celle des États-Unis, elle interdit toutefois l’établissement de mesures protectionnistes par le gouvernement, et rend inaliénable le droit de propriété sur les esclaves.

L’inévitable affrontement

La marche à la guerre relève alors plus de l’exacerbation des passions que d’éléments strictement rationnels. La défiance entre deux camps semble avoir pris des dimensions telles que plus aucune négociation ne paraît pouvoir aboutir.

Pourtant, nul ne veut alors la guerre. Le Sud souhaite voir son indépendance reconnue par les puissances internationales et par les États du Nord, si possible sans violence. De son côté, si Lincoln considère comme illégale la sécession d’États de l’Union, il se refuse à une intervention militaire qui risquerait de plonger le pays dans la guerre civile. Il tente de rétablir la situation, allant jusqu’à promettre aux confédérés de ne pas remettre en cause l’esclavage. Mais ses pouvoirs sont limités, son investiture officielle n’étant programmée qu’en mars 1861. Le président en fonction, James Buchanan, se refuse lui à toute intervention, de peur d’aggraver la situation.

Le problème du contôle des ports fédéraux fait alors figure de détonateur. Lincoln, malgré tout ses efforts, ne peut accepter d’évacuer les places tenues par les troupes fédérales dans les territoires confédérés, ce qui reviendrait à légitimer les revendications sudistes. Or, la Confédération y voit désormais une intervention étrangère sur son sol. Les tensions se cristallisent autour de Fort Sumter, une position fortifiée de Caroline du Sud assurant le contrôle du principal port commercial des États du Sud. Sous pression, et devant l’intransigeance de l’Union, le président Davis décide de faire prendre le fort d’assaut.

Le 12 avril 1861, à 4h30, le général sudiste Beauregard donne l’ordre d’ouvrir le feu sur Fort Sumter, qui tombe au bout de 34 heures de bombardement. Aucun mort n’est à déplorer, mais les hostilités ont cette fois officiellement débuté. Immédiatement, Abraham Lincoln appelle à la mobilisation générale. Les confédérés en font de même, assistés par de nouveaux arrivants : la Virginie, l’Arkansas, le Tennessee, la Caroline du Nord, le Missouri, et le Kentucky.

L'attaque de Fort Sumter divise définitivement les États-Unis en deux

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Ainsi, après des années de troubles, la guerre de Sécession a bel et bien débuté. Conflit titanesque utilisant les dernières avancées technologiques au service de la destruction, cette guerre laissera une profonde cicatrice dans l'esprit des Américains comme nous le verrons dans notre prochain article.


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L'auteur

Stéphane, 22 ans, étudiant en master d'histoire à la Sorbonne et en école de commerce à l'ESCP Europe, Paris.

Stéphane rêve de devenir professeur d'histoire à l'université. Les supports interactifs étant un bon moyen pour répandre une culture de qualité au plus grand nombre, il a déjà écrit quatre articles pour l'application.

Textes de Stéphane Debuiche; Cartes de Delphine Gagnon ; Éditorial Cédric Soubrié. Contactez-nous pour réutiliser les cartes ou le texte.

Sources :

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